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RACHEL PETIT

POST-PARTUM PSYCHIQUE & EMOTIONNEL: Vues de l'intérieur



 

EPISODE 1 : ECRIRE & LAISSER ALLER SON INTUITION


Naissance d’une mère


A l’aube de sa vie naissante, de cette nouvelle identité qui fait peur, la femme, l’enfant meurt pour naître mère. Quel processus inconscient et quelle harmonie de la vie se jouent sur les arpèges d’une musique infinie faite de répétitions universelles et de savoirs ancestraux ?


Quand la Nature dit « Merci la vie » et que la société la contrarie..


Pouvoir féminin de l’enfantement sur le masculin donneur et géniteur. Masculin participatif d’une transmission, d’un savoir et d’un courage protecteur et sans faille pour soutenir celle qui meurt et laisse sa vie de côté pour un temps infini de don et de tendresse. Co-construction, projet inconscient. Projections de sa lignée et de son histoire. Tout y est dans les tripes, le sang, la lymphe, le liquide amniotique puis céphalo-rachidien, les cellules placentaires, les dimensions karmiques et quantiques qui se jouent dès le projet conscient ou inconscient d’une procréation.


Pro-création ? Je laisse le mot en suspend. Il m’interroge.


 

EPISODE 2: ANCRAGE DU MAL ETRE



"La solitude est une tempête de silence qui arrache toutes nos branches mortes."

Khalil Gibran



Enfants couchés. Que s’est-il passé aujourd’hui?


Je me sens mal. Je suis éreintée, vidée. Des semaines et des jours sans bouger, sans sortir, sans « travailler », enfin ça ce n’est pas vrai. Sans vie sociale.


Aujourd’hui j’ai réalisé que ça fait X ans que je suis ici et que je n’ai construit aucun lien social avec qui que ce soit. Je me sens très seule. Je ne m’étais pas rendue compte à quel point j’étais isolée (je m’étais isolée) et enfermée dans ma solitude. J’ai envie de vivre, vivre des choses avec les autres. J’ai besoin de sociabilité, mais je me suis enfermée.


Je peux dire les grossesses , je peux dire le déracinement, je peux dire l’incapacité à construire du lien par faute de temps, de possibilités, d’envie de changer des choses dans ma vie. Certes, à mon arrivée X était un ours mais j’aurais pu faire ma vie de mon côté. Mais il y avait la maladie de Maman et puis celle de R. et puis l’isolement nécessaire à mon besoin de protection et de ressourcement quand tous deux sont partis. De guérison aussi.


Finalement, la solitude est mon alliée des grands jours et des grands drames de ma vie. Finalement, elle et moi sommes les meilleures amies et ennemies. L’une sans l’autre c’est impossible. La tempête insupportable, puis le calme et le silence.


 

EPISODE 3: OBSERVATION



J’observe. Et je me sens handicapée, empêchée.

Autiste en quelque sorte. Comme si j’étais incapable d'entrer en relation avec les autres dés que les enjeux sont sociaux et qu’ils viennent chercher ces parts de moi que je n’identifie pas vraiment. Comme si je me devais de plaire. Comme la petite fille qui doit plaire et se montrer sage et charmante. Celle que l’on fabrique, celle qui dérange sinon et qui est priée de ne pas déranger. Et puis, d’un coup, c’est comme si j’avais quelque chose à vendre. On me demande de vendre une part de moi que je ne suis pas. A trouver en Moi. Or, cela m’effraie. Me vendre moi? Mais je n'ai rien qui soit à vendre. Et puis je suis si fatiguée. Alors, je tente de m'adapter. J’invente des stratégies mais sans vraiment m’y coller car mes centres sont bien éloignés de tout cela, en vérité. J’ai besoin de lien, de profondeur, tout de suite. Je me sens si mal. En fait, je réalise combien présenter mon enfant au monde et assumer cette identité de mère me renvoie à tous mes schémas et conditionnements.


J'observe un couple de 10 ans plus jeunes, entrepreneurs avec des enfants, qui construisent leur vie ensemble, à travers une carrière, une maison, l’école, la vie sociale, les talents de chacun et l’amour qui unit tout cela. Je vois l’homme mettre en valeur sa femme dans ses activités. Je vois l'épouse épanouie être heureuse et confiante dans sa vie de femme et de maman. Je vois l'Harmonie, l'équilibre. Je vois cela et je compare. Je vois cela et je suis triste. Je me sens misérable. J'ai l'impression de ne pas y arriver. Je suis épuisée. Je me dit que mes enfants seraient mieux avec une autre maman, mon mari avec une autre femme. Je ne me sens pas à la hauteur. J'ai mal au cœur, je tourne en rond... J'aimerais leur offrir ce visage épanoui à la présence rassurante qu'ils méritent et qui me manque tant. Mais au fond, c'est surtout à moi qu'elle manque cette présence rassurante... MAMAN.

J'ai l'impression d'être invisible, qu'on ne m'entend pas. Je vois la place si dérisoire que j’occupe et que je tente de prendre vainement en force. On m'a mise en arrêt "mal-a-dit", je ne le le vis pas bien. Je perds encore un peu de mon pouvoir sur ma vie. Mon conjoint ne semble pas comprendre tout ce qui se joue là, avec violence, en moi. Je ne me sens pas comprise, soutenue. Je suis malheureuse de fait, profondément malheureuse. J’ai l’impression de ne pas guérir malgré les prises en charge et de faire des bonds entre épuisement, crises de nerfs et tentative de sauvetage de moi-même. Qui en fait n’en sont pas vraiment. J’ai l’impression de vivre dans l’illusion, dans un film dont le scénario est finalement assez mauvais. Si je mets tout en lien, ma journée d’aujourd’hui qui ressemble à tant d’autres, aux événements de ma vie, je ne comprends plus rien. Je ne comprends plus ce que je fais, pourquoi je le fais, et qu’est-ce que je fais ? Pour qui et pour quoi ? je me détruis, je m’éteins, je me consume. Comme la bougie. Le burn-out intérieur en fond de roulement pour tout état et résultat. Je n’ai personne à qui parler. Je n’ai personne à qui me livrer. Je n’ai que mes yeux pour pleurer, ma gorge à serrer, mes forces pour me consumer...


Lui, il ne sait pas ce qui se passe. Il ne sait pas qu'il a quelque chose à valider dans mon identité de mère et dans son identité de père. Il ne sait pas qu'il est lui-même dans une spirale de répétition dont nous dépendons aussi. Il faudrait que j’attende qu’il travaille sur lui Mais qu'ai-je à y gagner ? Il n’y a rien aujourd’hui plus qu’hier et moins que demain probablement. Les problèmes sont toujours les mêmes et je suis fatiguée de donner l’image de quelqu’un que je ne suis pas. Fatiguée de faire un travail pour 2, non pour 3, non 4... Et si je me laissais vivre ? Et si je me laissais mourir? Et si je me laissais le choix ? Et si je me laissais la possibilité d’être un peu plus moi? Mais qui suis-je, au fond ?



 

EPISODE 4: COMPREHENSION


Cette douloureuse question à laquelle je tente de répondre depuis toujours : Qui suis-je? Que fais-je ? Quel sens cela a-t-il ? Qu’est ce que j’ai à apprendre de cela ?

L’existentialisme a probablement (toujours ?) été pour moi une religion. Aujourd’hui je tourne autour des symboles et je tente de trouver des réponses dans des indices subtils aux origines du monde et aux interprétations multiples. De quoi nourrir mon esprit et laisser aller mon intuition, mon imagination, mes perceptions. Car en fait, l’image me renvoie à mes ressentis, mes ressentis à l'image et ce n’est qu’après que mon mental intervient. Qu'est-ce que ça signifie? Ca remonte à quand ? Quelles interprétations ? Qu’est ce que je me construis comme théorie personnelle autour de tout cela ? Et comment je l'utilise, comment je la mets à profit?


Cet incessant jeu de pensées et d’émotions, de sensations, d’épreuves de mon corps qui ressent avant que mes neurones frontaux ne se mettent en action et de nouveau à l’envers : tiens, la conscience de ceci change-t-elle quelque chose dans tes ressentis ? Ton comportement changera t-il la prochaine fois que tu rencontreras ce genre de situation ? J’écris et je me rends compte que je suis au bord d’une certaine "folie". J’écris cela en me disant ne t’étonnes pas d’être fatiguée. A la lecture de cela, plein de gens seraient fatigués au bout de 3 lignes à lire ta gymnastique fantasmagorique.


En même temps, je suis lucide et je sais que je ne suis pas seule à vivre cela. Et je reviens à la Difficulté Maternelle et plus généralement aux blessures psychiques et émotionnelles de la Vie. Car à travers tout cela, de cette gymnastique permanente entre l’esprit et les ressentis je retrouve ce tableau clinique, du syndrome dissociatif, dépressif, "borderline", avec :


- l’isolement qui en découle

- la rumination mentale,

- la perte de sens

- la confusion

- les émotions trop fortes ou coupées

- le corps qui se tend, se noue, reçoit, renvoie, fait mal, s’hyperactive, s’éteint.

- la posture qui se replie, le replis sur soi

- la fatigue,

- l’angoisse, omniprésente, de ne pas y arriver, de ne pas réussir à

- la culpabilité d’être et de ne pas être


J’en reviens à mon post-partum de maman et j’en reviens à mon post-partum de femme, entrepreneuse, au féminin-masculin assumé, réfléchie, expérimentée, sensible, et pourtant si inadaptée à certains pendants de cette société qui n’a pas été établie pour "nous", pour nous soutenir, nous prévenir, nous accompagner, nous aider.



 

EPISODE 4: ACCEPTATION ET CONCLUSION


J'hésite. Que faire de cela? Serait-ce une illustration utile et juste de la difficulté des femmes à naître mère et à naître à elles? Des bouleversements qu'elles traversent? Se reconnaîtront-elles?


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